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Politique aux Antilles
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Assemblee Martinique News Forum Index >> Politique aux Antilles >> Informations diverses
Auteur Informations diverses
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Message posté: 02-02-2003 à 22:33   
INFOS DES CARAÏBES
(source : 1 membre du TAN)


Christiane Taubira s’adresse au Gouvernement français

Lundi 13 janvier 2003, la Députée guyanaise Christiane Taubira Delanon demande au Gouvernement français l'annulation de sa dette de décolonisation haïtienne et la réparation d'une injustice. Il y a quasiment deux siècles, au terme de l'insurrection menée par Toussaint Louverture pour libérer Haïti du joug colonialiste et pour lutter contre le rétablissement de l'esclavage décidé par Napoléon Bonaparte, l’indépendance de la République d'Haïti a été proclamée le 1er janvier 1804 par le Général en chef Dessalines.
La première République noire indépendante était née. Cependant, une ordonnance royale imposait sous la menace à l'ancienne colonie de payer un tribut à la liberté pour dédommager les colons de leurs terres. Ce tribut, payé jusqu'au dernier sou par Haïti, représentait à l'époque six années de recettes budgétaires du jeune Etat Haïtien.
Aujourd'hui, Haïti est l'un des Etats les plus pauvres du monde avec plus d'un million d'Haïtiens vivant en exil. Non que ce tribut à la liberté en soit seul responsable, il a pourtant contribué à l'affaiblissement du jeune Etat, alors qu’au dix-huitième siècle cette colonie était l'une des plus productive du monde. Elle a donc largement travaillé et contribué à l'accumulation des capitaux français. Deux cents ans après la libération d'Haïti, Christiane Taubira Delanon demande solennellement au Premier Ministre français de procéder, au nom du Gouvernement, à l'abrogation du Traité de 1838 qui a fait appliquer le tribut de décolonisation ainsi qu’à la restitution de l'argent versé.


Deux livres indispensables sur la société Béké

Henriette Levillain, professeur à la Sorbonne et spécialiste de Saint John Perse, vient de sortir un ouvrage chez l'Harmattan intitulé "Mémoires de békés". Ce livre met en parallèle le témoignage de deux femmes békés, dont la mère de Saint John Perse, à propos de la vie d'antan sur les plantations. Ces deux femmes sont cousines, l'une vit en Martinique, l'autre en Guadeloupe et indépendamment l'une de l'autre elles ont écrit leurs mémoires à l'attention de leurs descendants. Ces récits sont analysés par Henriette Levillain et on peut y découvrir les traits spécifiques de la société béké, plus généralement la vie des plantations avant la crise sucrière. L’ouvrage "Les blancs créoles de la Martinique, minorité dominante" est une étude réalisée par la Hongroise Edith Kovats Beaudoux sur la société béké des années 60, qui également parait chez l’Harmattan. Il s'agit d'une analyse du groupe blanc créole et de ses relations interethniques en Martinique et en Guadeloupe.


Hit Parade des politiciens martiniquais

Aux derniers sondages d'opinion d’Open Soft Système, Serge Letchimy, Maire de Fort de France, arrive en tête du peloton avec plus de 67% des suffrages sur 400 personnes interrogées. Claude Lise, Président du Conseil Général, quant à lui est en seconde position, continuant à perdre des points et passe de 70 à 55% d'opinions favorables. Le Président du Conseil Régional, Alfred Marie Jeanne alias Chabin, conserve sa troisième place avec très précisément 51,75% des suffrages. Parmi les dix premiers favoris, on retrouve aussi le Maire du François, Maurice Antiste, et le Président de l'Office de Tourisme, Miguel Laventure qui a d’ailleurs perdu 6 points par rapport au dernier sondage de mai 2002. A noter la présence de deux femmes, la conseillère régionale Madeleine de Grandmaison et la syndicaliste Ghislaine Johachim Arnaud qui arrivent respectivement en 9ème et 10ème position.


Politique : Projet d’Evolution Institutionnelle

A quelques jours des Assises pour les libertés locales qui devraient se tenir à Madiana en présence du Ministre de l'Outre Mer, Brigitte Girardin, la classe politique martiniquaise affiche de part et d'autres ses positions. Chacun réunit ses troupes autour du Projet d'Evolution Institutionnelle. C'est ainsi qu'Alfred Marie Jeanne, le leader du MIM ( Mouvement Indépendantiste Martiniquais ), a mobilisé ses militants le samedi 11 janvier 2003 à Rivière Pilote avec pour seul mot d'ordre, le Projet Martinique. L'évolution du statut vers une Assemblée Unique devrait forcément passer par le référendum de la population martiniquaise, reste à savoir quelle échéance serait fixée par le Gouvernement pour cette consultation. Du côté du PALIMA ( Parti pour la Libération de la Martinique ), les choses sont claires.
Les résultats du Congrès tenu par les élus de toute tendance en 2002 sont suffisamment éloquents. Le Projet Constitutionnel élaboré et adopté par le Congrès constitue une réelle avancée politique et devrait être pris en compte par le Gouvernement. Le leader du PALIMA, Francis Carole, a annoncé qu'il ne prendrait pas part à "la mascarade des Assises dont le seul objectif consiste à perpétuer des liens de domination séculaires". Le PPM (Parti Progressiste Martiniquais ) a rassemblé le week-end du 11 janvier 2003 une dizaine de formations de gauche autour d'un séminaire sur le Projet de Loi Constitutionnelle et la décentralisation. Les membres du parti entendent bien rappeler au Gouvernement les conclusions du Congrès des élus locaux. Si la réforme constitutionnelle ne doit pas conduire à l'autonomie, les forces de gauche ont rappelé qu'il faudrait "en tirer un maximum".




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Message posté: 02-02-2003 à 22:35   
NOUVEL OBSERVATEUR - Semaine du jeudi 5 décembre 2002 - n°1987 - Dossier

A Paris et en Seine-Saint-Denis

La Nouvelle Antille

Ils sont partis en métropole en quête de la terre promise. Entre francité, nostalgie et discrimination, il leur faut inventer une nouvelle manière d’être antillais

Le Nouvel Observateur. ­ Combien d’Antillais vivent-ils en métropole?
Claude-Valentin Marie. ­ En 1999, 212000 natifs des Antilles résidaient en France métropolitaine. L’équivalent de la population de la Martinique en 1954! On l’ignore souvent, mais l’immigration des natifs des Dom-Tom constituait en 1990 la plus forte immigration de travail en France après celle des Algériens, des Portugais et des Marocains. Une contribution à l’économie française d’autant plus importante que leur taux d’activité est supérieur à toutes les autres populations, françaises ou étrangères.

N. O. ­ Pourquoi cela?
C.-V. Marie. ­ Cela s’explique par le taux d’activité exceptionnel des femmes antillaises ­ en Ile-de-France, il dépasse de 10 points celui des hommes franciliens! Et dès 1982 elles sont majoritaires dans l’immigration. Le phénomène est d’autant plus remarquable qu’elles ont en moyenne plus d’enfants que les métropolitaines, et qu’elles sont trois fois plus nombreuses à les élever seules! Elles reproduisent ainsi, mais sans l’aide de l’entourage, une réalité sociale très antillaise qui veut que les femmes soient souvent actives et chefs de famille monoparentale. On dit aux Antilles que les femmes sont les «poto-mitan» de la vie, ces madriers de bois qui supportaient toute l’architecture de la case. Si la modernité, c’est que la femme travaille, alors cela fait longtemps que les Antillaises sont modernes. Et comme la modernité des femmes au travail, c’est aussi la précarité et des obligations accrues, elles sont doublement «modernes»!

N. O. ­ Oui, mais pourquoi en métropole?
C.-V. Marie. ­ A la suite du déclin de l’économie de plantation, c’est l’Etat qui organise le départ des Antillais. Ceux-ci tombent à pic pour une France qui restructure son industrie, mais aussi son administration et ses services de santé. Cette main-d’œuvre présente le double avantage d’être de nationalité française, condition nécessaire pour occuper un emploi public, et fortement féminine, répondant notamment aux besoins en aides-soignantes et infirmières.

N. O. ­ Pour les candidats au départ, que représente le voyage en métropole? Un espoir de promotion sociale?
C.-V. Marie. ­ C’est effectivement cela: partir pour être fonctionnaire, c’est donner corps à une immense volonté de promotion sociale. De plus, on allait enfin rejoindre la «mère patrie», où tous les rêves se réaliseraient.

N. O. ­ Où s’installent-ils?
C.-V. Marie. ­ 80% des Antillais vivent en région parisienne, où se trouvent la plupart des emplois. Mais c’est le HLM qui détermine le lieu de leur résidence, avec une très forte concentration à Paris et en Seine-Saint-Denis. Dans certaines communes, ils sont pour les deux tiers locataires de HLM, comme à Aulnay-sous-Bois, Stains, Bobigny et Saint-Denis.

N. O. ­ Où ils cohabitent donc avec les immigrés d’origine étrangère…
C.-V. ­ Marie. ­ En effet. S’ils sont «privilégiés» au niveau de l’emploi public, les Antillais vivent dans les mêmes conditions sociales, dans les mêmes zones urbaines que les populations étrangères dont ils ont voulu longtemps se démarquer. Ils sont en butte au regard de la société française qui souvent ne les distingue pas des étrangers. Ils réalisent alors que leur statut de «nationaux» ne les met pas à l’abri de la discrimination. Aujourd’hui, ils partagent une communauté de destin avec les étrangers, puisque les enfants de ceux-ci, français par le droit du sol, concurrencent désormais (et légitimement!) les leurs sur le marché du travail.
Un réel désenchantement apparaît dès le milieu des années 1970, et le mythe du retour se fait alors plus pressant. Je dis bien mythe, car les conditions démographiques, familiales, économiques, sociales, et même culturelles, rendent le retour difficile. Au sein même des familles, le retour pose des problèmes de concurrence pour l’emploi, d’héritage ou de partage des terres. L’installation durable en métropole devient quasiment inéluctable pour le plus grand nombre. Les Antillais doivent sortir de cet écartèlement et construire quelque chose qui soit à la fois d’ici et de là-bas.


N. O. ­ Y parviennent-ils?
C.-V. Marie. ­ Plusieurs éléments y concourent. Et notamment le nombre des naissances en métropole. Aujourd’hui, 80% des jeunes Antillais de moins de 20 ans y sont nés! Au total, on recense 377000 originaires des Antilles, en comptant ces enfants nés ici. Soit la Martinique d’il y a dix ans! D’un autre côté, pour la première fois depuis 1954, le nombre des immigrants martiniquais diminue. Cela signifie que l’attraction métropolitaine ne joue plus, mais aussi que la croissance de la population antillaise de France est due bien plus aux naissances ici qu’aux nouvelles arrivées.

N. O. ­ A côté de la Guadeloupe et de la Martinique, il y a donc une troisième Antille: l’Antille de métropole.
C.-V. Marie. ­ Ce que j’appelle la nouvelle «Ile-de-France antillaise». Il n’y a plus des Antillais en France, mais des Antillais de France.

N. O. ­ Comment ont-ils vécu les attaques récentes contre leur pays d’origine?
C.-V. Marie. ­ Ils peuvent (et doivent!) porter un regard très critique sur ce qui se passe là-bas. Mais ce qui est inadmissible pour eux, c’est que l’on se livre à la dépréciation systématique. Ils ont le sentiment de vivre la fin d’une époque et cherchent comment réagir. Quels sont leurs moyens politiques et économiques pour faire valoir leur réalité communautaire et valoriser leur patrimoine culturel ?
Que transmettre à leurs enfants? Comment assurer leur promotion et lutter contre les discriminations ? Voilà les défis qui se posent à eux. Certes, on ne peut ignorer les risques énormes pour les jeunes Antillais d’être confrontés à la drogue, aux difficultés scolaires, au chômage ­ qui touche un quart de ceux nés en métropole. Mais, quand on a pu se relever de l’esclavage et produire une exaltation poétique de soi comme celle que traduit l’œuvre d’un Césaire, on peut se relever de tout. Etre antillais, ce n’est pas une simple donnée de naissance.


Claude-Valentin Marie, sociologue, expert auprès du Conseil de l’Europe et de l’OCDE, est spécialiste des migrations internationales et des populations des Dom-Tom


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Message posté: 03-02-2003 à 04:09   
Décidément, il faudra représenter les Martiniquais de l'Hexagone dans l'exposition comme l'a suggéré le visiteur. Un petit récapitulatif caricatural des idéologies d'après-guerre s'impose :

- Césaire, la négritude et l'assimilation; originaires d'Afrique, colonisés, nous ne sommes pas pour autant des sous-hommes, nous en sommes mêmes fiers et nous demandons l'égalité avec les français de la métropole -> loi de départementalisation de 1946.

- Fanon : nous sommes des colonisés, choisissons notre camp (celui des 'damnés de la terre') et battons nous.

- Glissant : notre identité est métisse bien avant le reste de la planète qui tend (ou se dilue pour les détracteurs) vers cette situation, le "tout-monde".

- la créolité : nous avons une langue et notre identité est liée à celle-ci. Détournons le français dans la littérature pour la révéler -> Patrick Chamoiseau, Raphaël Confiant...

Démographiquement et sociologiquement l'identité martiniquaise actuelle est dipolaire :
- ceux de l'Hexagone, noyés dans la nation et le peuple français et incapables , comme toutes les minorités, de se faire élire en représentant de la nation ou de s'organiser pour faire entendre leurs voix. Ceux ci ont leur propres aspirations (prix du billet vers les antilles = prix du billet Paris-Nice, représentation à la télé au cinéma ou dans l'image, couler des jours heureux de retraités au bord de la mer, etc...)

- ceux des Antilles, qui ont des élus (même le plus d'élus par habitant avec deux assemblées, mais qui ne servent à rien) et qui souffrent du chômage, de l'absence de développement économique
orienté vers leurs marchés naturels (la Caraïbe et domestique), de l'exil forcé des jeunes pour conquérir leur dignité par le travail, etc...

Il devraient s'entraider mutuellement à atteindre leurs objectifs,
un peu comme le lobby juif new-yorkais qui pilote la politique étrangère des USA en faveur d'Israël, ou des maliens de Montreuil qui investissent dans leurs pays d'origine et font venir leurs frères en Europe.

Pas un seul parti politique antillais à ma connaissance, n'a jamais tenu compte dans leur programme des antillais de l'Hexagone..

Au lieu de s'entraider... Nous attendons je ne sais quoi au lieu de construire un pont au dessus de l'Atlantique.

Tombée dans le même lavage de cerveau , l'exposition de l'Assemblée Martinique n'en a pas tenu compte non plus.


J'espère que les Martiniquais de l'Hexagone s'exprimeront sur ce site afin qu'on puisse mieux comprendre leurs aspirations et leurs projets pour mettre à jour notre présentation de l'Assemblée virtuelle de la Martinique.



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Membre depuis le : jeudi, 01-01-1970
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Message posté: 05-02-2003 à 00:35   
tu te trompes Mans. nous ne l'avons peut-être pas clairement exprimé, mais relis les post du forum et même quelques articles et tu verras que le soucis des Martiniquais, où qu'ils se trouvent sur la planète (voire même de l'espace ) est le souci de l'Assemblée. et quand nous parlons des Martiniquais, nous associons aussi les Amis des Martiniquais. c'est bien pour cela que sur se site, il n'y a pas que des informations sur la Martinique et les Martiniquais, mais aussi sur leur environnement.

mais il est vrai qu'on n'avait pas pensé à nommer ou élire un représentant de l'exagone. aussi, je trouve l'idée du visiteur très intéressante et suis prête à l'élire dès qu'il se manifestera. et d'ailleurs, il pourrait y avoir d'autres représentants dans d'autres lieux ; tout n'est que question de volonté et de motivation.

en attendant, puisque le nouvel obs est, je dirais, obsédé par nous (encore un peu, il nous dissèquerait pour vérifier que nous sommes des êtres à part), je partage avec vous un peut de lecture, car comme le dit si bien celui qui nous transmet ces infos "Le savoir est le seul bien qui augmente quand on le partage".



NOUVEL OBSERVATEUR - Semaine du jeudi 5 décembre 2002 - n°1987 - Dossier de l’un de nos envoyés spéciaux, Sylvie Véran
Avoir 20 ans à Fort-de-France

Ils vivent le dos tourné au passé. S’éclatent sur les tubes des Neg’ Marrons ou de Lord Kossity. La métropole n’est plus l’eldorado. Mais l’avenir ici paraît si incertain… Portrait d’une génération qui refuse de se laisser enfermer.

La mer des Caraïbes est à leurs pieds. En contrebas des grands bâtiments blancs du lycée de Bellevue, à Fort-de-France. Leur classe est vaste et claire. Leur professeur, Elisabeth Landi, (...) , agrégée d’histoire, est l’une de ces enfants du pays qui forment la nouvelle élite universitaire de l’île. Ses élèves, une vingtaine de khâgneux, se préparent à partir l’an prochain en métropole pour poursuivre leurs études. Comme elle, autrefois. «A cette différence près, dit Elisabeth Landi, qu’à la fin des années 1970 il n’y avait pas de classes préparatoires ni d’université en Martinique, hormis une faculté à l’état embryonnaire en Guadeloupe. Nous étions obligés d’aller apprendre en France.» Partir ou rester? Les filles et les garçons de la génération précédente ne se posaient pas cette question qui taraude la jeunesse actuelle. Qu’on soit issu d’une famille aisée ou modeste, il n’y avait qu’une solution pour espérer gagner correctement sa vie: l’exil vers les terres lointaines et froides de la métropole.
Aujourd’hui, la Martinique possède son université, où étudient 5000 élèves. 35000 foyers sont équipés d’internet. Nombre d’étudiants ne désespèrent plus de trouver un jour un emploi sur l’île. Mais le rêve des khâgneux de Bellevue, souvent fils et filles d’ouvriers ou de pêcheurs, c’est d’aller à Paris faire Normale sup pour devenir professeur. Et aucun ne peut dire aujourd’hui s’il reviendra un jour travailler ici. L’attirance pour la vie culturelle en France agit comme un aimant. Seul Ludovic, 19 ans, a exprimé le désir d’entrer à l’Université des Antilles et de la Guyane de Fort-de-France pour ensuite enseigner l’histoire en Martinique.

Le géographe Bruno Magallon-Graineau lui a pourtant conseillé de sortir du cocon.« Partir d’ici, pour un moment au moins, c’est oser se confronter à l’autre et acquérir une capacité de jugement qui permet de relativiser les effets pervers de l’insularité. Une île, surtout si éloignée de la capitale du pays, est une caisse de résonance qui déforme tout.» Seuls 45% des bacheliers de l’année 2001 se sont inscrits à l’université de Fort-de-France. Pour la plupart parce que leurs familles n’avaient pas les moyens de les envoyer en métropole. 30% des lauréats ont quitté la Martinique pour une fac ou une grande école en France. Les plus brillants, mais aussi les plus aisés.

La mer des Caraïbes est à leurs pieds. Ici, masquée par les grues et les hauts conteneurs du port de Fort-de-France. Glwadys, Michaëlle et Donald vivent à Volga-Plage. Un quartier déshérité composé de modestes maisons et de cases en tôles, collées les unes contre les autres. Le chômage, qui touche 26,3% des Martiniquais, frise les 40% chez les habitants de Volga-Plage. La promiscuité dans les logements, la pauvreté ­ voire la misère ­ des mères seules avec une kyrielle d’enfants nés de plusieurs pères, des vieux qui s’étourdissent au rhum, des jeunes qui passent leurs journées dans la rue à fumer de l’herbe ­ quand ce n’est pas du crack: voilà pour les ombres du paysage. Cependant, comme partout en Martinique, le tissu associatif est ici très riche et accomplit un travail considérable. Quand elle était adolescente, Michaëlle, 25 ans, a osé frapper à la porte du Relais de Volga-Plage. Fille d’une mère alcoolique mariée à un homme handicapé qui n’est pas son père, Michaëlle a dû très tôt prendre son destin en main. «Je ne sais pas où je serais aujourd’hui si les animateurs du relais n’avaient pas été là pour me soutenir, dit-elle. C’est grâce à eux que j’ai pu m’en sortir.»

Bac professionnel d’assistance accueil-conseil en poche, la jeune femme bénéficie d’un emploi-jeunes depuis trois ans. Au Relais de Volga-Plage, elle est médiatrice multimédia et fait du soutien scolaire : «J’essaie de rendre ainsi ce qu’on m’a donné.» Michaëlle compte passer les concours de gardien de la paix et d’éducatrice spécialisée. Contrairement à Glwadys et à Donald, elle désire partir en métropole. «Bien que je sache que la vie est dure en France, poursuit-elle, je ne peux m’empêcher d’imaginer Paris comme un petit paradis.»
Donald, 21 ans, a deux CAP: en menuiserie et en ébénisterie. Il vient de trouver une place dans une usine à bois. Né en Martinique, il a vécu jusqu’à l’âge de 14 ans dans la banlieue parisienne. «Je ne retournai jamais là-bas, dit-il. Sauf pour y passer des vacances. Moi, je peux faire la différence. En Martinique, la vie quotidienne est beaucoup plus facile. Les gens s’entraident encore. Il est possible, si on le veut, de s’y construire un avenir.»

Glwadys, 19 ans, est du même avis que son cousin, l’ex-«négropolitain». Pour rien au monde elle ne quitterait son île. «A moins que je ne puisse vraiment pas faire autrement, dit-elle. Mais alors, pas plus de deux ou trois ans. Pour ne pas mourir idiote. Ici, j’ai tout ce dont j’ai besoin: la plage, les cocotiers, et internet pour voyager…» Comme Michaëlle, Glwadys est titulaire d’un emploi-jeunes: elle travaille à l’Union des Femmes de la Martinique tout en préparant un BTS en économie sociale et familiale dans une école privée. «Nous sommes 35 dans ma classe, explique-t-elle. Seules 7 étudiantes ont réussi à trouver un stage, condition indispensable pour financer nos études. D’ici à décembre, celles qui ne pourront pas payer les 3200 euros de la scolarité seront mises à la porte. Autrement dit, cela fera 28 chômeurs de plus.»
28 jeunes qu’il faudra recaser dans l’une des innombrables formations mises en place par l’Etat. «Mais dont peu de demandeurs bénéficient, pour finir, dit un animateur de rue, car la plupart ont un caractère trop sélectif. Ou encore elles ne débouchent pas sur un vrai emploi. Du coup, on voit beaucoup de jeunes baisser les bras et attendre leurs 25 ans pour toucher le RMI.»
Pour les plus dynamiques, la révolution internet et une bonne maîtrise de l’anglais permettent d’élargir l’horizon, de ne plus avoir le regard rivé sur la métropole. Grâce aux bourses et aux conventions entre universités, on peut faire ses études à Washington ou à Tokyo et pourquoi pas se fixer là-bas. «Les jeunes ont un pied dehors et un pied dedans, dit Roger Toumson, professeur de lettres à l’université de Fort-de-France. A leur âge, nous nous battions pour la reconnaissance de notre identité culturelle. Eux sont indifférents à la langue créole et à nos combats d’hier pour la préserver.Linguistiquement, la dualité entre français et créole n’a plus court. Le créole est le dernier vestige de la métaphysique antillaise. Mais a-t-il encore sa place dans le monde à venir ? Les jeunes se débrouillent comme ils peuvent avec cette hypermodernité archaïque dans laquelle ils baignent.»
Tout ce qui rappelle la déportation, l’esclavage, le clivage initial entre Noirs et Blancs, entre oppresseurs et oppressés, tout ce qui a fondé l’œuvre d’Aimé Césaire et plus tard celle des apôtres de la créolité, tout cela est vécu par la génération montante comme un ressassement qui fige la société martiniquaise dans le passé. «La question de l’identité est pour moi fondamentale, dit une élève de khâgne, mais il faut maintenant la dépasser. Arrêtons de nous lamenter et de nous victimiser pour justifier nos complexes. Il faut en finir avec le Noir humilié.»

Aujourd’hui, le trait d’union avec une histoire dans laquelle on ne veut pas s’engluer, c’est la musique: le rap créole et le reggae.
Les tubes des rappers-reggae Neg’ Marrons ou de Lord Kossity, star du rap-ragga, survoltent les nuits du «Cheyenne», la boîte de la jeunesse dorée, à Fort-de-France. Ils sont aussi écoutés dans les bidonvilles accrochés aux mornes qui ceinturent la ville. Là où vivent des garçons et des filles dont l’avenir est loin d’être tracé. Là où la fracture sociale, en Martinique, est la plus visible, la plus brûlante. «Ce qui m’a frappé en arrivant ici, dit Philippe Astruc, chef du parquet des mineurs, ce n’est pas la pauvreté ­ celle qu’on trouve aussi bien en métropole dans les milieux défavorisés ­, c’est la misère dans laquelle vivent nombre de familles. Les maisons sans eau ni électricité, construites avec quatre morceaux de tôle sur de la terre battue. Les femmes seules avec de nombreux enfants non reconnus par leur père. Des pères grandement responsables, par leur absence, de la délinquance des jeunes.»

Attention aux idées reçues: cette délinquance des mineurs, en hausse de 13% en 2001, reste cependant peu importante par rapport aux statistiques nationales. 10% de la criminalité totale, contre 22 à 25% en métropole. Mais elle a tendance à devenir de plus en plus grave, et violente. «En grande partie à cause de la consommation de crack, qui ­ bien que stable ­ fait des ravages», constate un policier du SRPJ. Dans les deux tiers des crimes et délits, l’auteur est toxicomane. 5000 à 6000 personnes, selon l’Unité d’Ecoute pour Jeunes en Détresse, seraient victimes du crack importé en Martinique par les Saint-Luciens, qui représentent 10% de la population carcérale. «Depuis quatre ou cinq ans, l’ascenseur social est en panne dans les milieux défavorisés, dit le procureur de la République Michel Samuel, natif de Guadeloupe. De nombreux jeunes délinquants expriment ainsi leur ressentiment contre une société martiniquaise qu’ils perçoivent comme figée. Ils s’y sentent enfermés. Ils vivent dans un taudis de Volga-Plage et pensent qu’ils ne le quitteront jamais. Notre tâche consiste à sanctionner, mais aussi à faire comprendre à ces adolescents que d’autres lendemains sont possibles.»

Au nouveau parquet des mineurs, on organise des audiences collectives de rappel à la loi sur les stupéfiants. En présence d’un magistrat, d’un médecin, d’un psychologue. Des injonctions thérapeutiques sont systématiquement ordonnées. Et les parents convoqués devant le juge des mineurs. Quand le père a disparu dans la nature, les gendarmes sont chargés de le retrouver. «Début
2003, nous mettons en place une politique de responsabilisation des parents, poursuit Philippe Astruc. En particulier des pères absents. Il ne s’agit pas de fabriquer du droit antillais, mais d’adapter le droit français à la réalité martiniquaise.»

Reconstruire la famille à l’aide du Code pénal? L’écrivain Patrick Chamoiseau n’y croit pas beaucoup: «Celui que l’on va convoquer, ce n’est pas le père au sens où vous l’entendez. Seulement le géniteur. Nous restons une société matrifocale où, à la base, il y a une mère et des hommes qui tournent autour du foyer. L’homme sert à nourrir les enfants; quand il ne remplit pas ce rôle, on lui trouve un remplaçant. Mais en refusant que celui-ci s’installe dans la maison. Au temps de l’esclavage, le géniteur n’avait pas de place symbolique: le père, c’était le maître. Dans ces familles composées seulement de femmes et d’enfants, le rôle du patriarche était tenu par la grand-mère.»
Hélas, les grands-mères ne sont plus ce qu’elles étaient. Psychologues et travailleurs sociaux constatent avec inquiétude que ce pilier de la famille traditionnelle antillaise est en train de s’effondrer.
Aujourd’hui, comme en métropole, les «cheveux gris» ­ nom d’une association pour les anciens ­ se sentent pousser des ailes. Les mamies préfèrent aller danser la mazurka dans les clubs du troisième âge plutôt que de s’encombrer d’une marmaille turbulente.

SYLVIE VÉRAN


Marlène Lof - La Mère Teresa créole.

Restauratrice durant trente ans à Paris, Marlène Lof, 53 ans, était revenue profiter de sa retraite sur son île de la Martinique. Un matin de Noël 1996, elle voit un gamin de 20 ans se nourrir des restes d’une poubelle. Marlène décide alors de se remettre aux fourneaux pour offrir à manger aux plus démunis. Financée aujourd’hui par la région et par la CAF et la Ddass, l’association Saint-Charles-le-Bon distribue près de 50000 repas chaque année. Dans la petite maison créole de la rue Perrinon, à Fort-de-France, se croisent chômeurs, mères célibataires, jeunes paumés assommés par le crack, immigrés clandestins venus des îles voisines, mais aussi des Européens sans le sou, les «Blancs manqués» largués par les voiliers de passage. Marlène ne pose aucune question. Elle se contente d’ouvrir ses marmites. Et bientôt un nouveau lieu d’accueil, qui assurera deux services par jour. S. V.


Lyne-Rose Beuze - La grande prêtresse du patrimoine.

Madame le conservateur en chef des Musées régionaux est une belle chabine passionnée par sa tâche. Dans son bureau encombré de documents et d’archives du Musée régional d’Histoire et d’Ethnographie de Fort-de-France, elle affirme que le travail de mémoire est une affaire d’actualité. «Je suis admirative du courage de mes compatriotes, qui ont toujours su faire front après tant de catastrophes naturelles si dévastatrices ­ cyclones et éruptions volcaniques. Ce qui est réconfortant, c’est que la défense du patrimoine échappe ici à toute querelle partisane. Valoriser notre patrimoine culturel ou industriel ­ nos anciennes distilleries de rhum, par exemple ­ n’est pas un luxe mais une nécessité. Il en va de notre identité. Et de notre avenir.» G. A.

Claudine Neisson-Vernant - La femme aux «zépol karé»

Médecin spécialiste des maladies parasitaires et tropicales à Paris puis au CHU de Fort-de-France, Claudine Neisson-Vernant, 59 ans, a été l’un des pionniers de la lutte contre le sida en Martinique. A la mort de son père, elle honore la promesse qu’elle lui avait faite: reprendre la distillerie familiale pour la transmettre un jour à son fils Grégory, alors âgé de 13 ans. Mission accomplie. L’avenir de la
fameuse bouteille Zépol Karé est désormais assuré. Grégory a aujourd’hui 31 ans. Il est prêt à diriger le domaine Thieubert, dernière entreprise indépendante ­ et de surcroît mulâtre ­ de fabrication de rhum agricole en Martinique. 400000 litres d’un nectar considéré comme l’un des meilleurs de la région sont extraits chaque année des 40 hectares de canne plantés autour du Carbet. Soit 3% de
la production insulaire. S. V.

Patrick Louisy-Louis - Le bon Samaritain

Il est né à Sainte-Thérèse, ce faubourg déshérité de Fort-de-France où sont venues s’entasser les familles de coupeurs de canne lors de la crise sucrière du début des années 1950. Patrick Louisy-Louis en connaît chaque recoin, chaque baraque en tôle ondulée, chaque logis des cités HLM construites ces dernières années pour réhabiliter ce ghetto. Animateur et président de l’association Sainte-Thérèse en Harmonie, il voit grandir ici de nombreux jeunes découragés par les difficultés à s’insérer dans une société où la consommation est devenue un sport local. Trop tôt déscolarisés, négligés par un cercle familial de moins en moins structuré, et aussi attirés par l’argent facile, beaucoup d’adolescents se détournent des formations qu’on leur propose et sombrent dans le vol et la drogue.
«A Sainte-Thérèse, dit Patrick, soit on s’en sort, soit on glisse vers la délinquance.» Lui les aide à s’en sortir. S. V.


La citadelle béké

Ce jour-là, à l’aéroport de Saint-Martin, un patron béké, descendant d’une grande famille qui régnait sur les plantations de canne à sucre au XVIIIe siècle, était en retard. Il allait rater son avion pour la Martinique. Qu’à cela ne tienne, un employé de la compagnie aérienne monta à bord de l’appareil et demanda à trois passagers de bien vouloir descendre. Quelques minutes plus tard, le béké, sa
femme et son fils s’asseyaient à leurs places.
L’anecdote dit bien le genre de privilèges dont jouissent les anciens «maîtres» des Antilles. «Ils ont de l’argent à ne plus savoir qu’en faire. Rien n’est trop beau pour eux. Bateaux, propriétés créoles… Le dernier 4x4 Porsche n’est pas encore sorti qu’ils l’ont déjà commandé», raconte un métropolitain qui a eu l’honneur de fréquenter cette caste.
Majoritairement issus de Martinique où, à la différence de la Guadeloupe, ils n’ont pas eu à subir les rigueurs de la Révolution, les békés ne se mélangent pas. Ils cultivent le secret. N’ont pas perdu leur condescendance à l’égard des Noirs ­ «ils n’étaient même pas présents aux cérémonies du 150e anniversaire de l’abolition de l’esclavage», s’emporte un Antillais. Et savent intelligemment diversifier leurs affaires. Sorties de la canne à sucre ou de la banane depuis belle lurette, les plus grandes familles se sont reconverties dans l’immobilier (Fabre-Domergue), l’industrie agroalimentaire (Huygues-Despointes), le commerce automobile et la grande distribution (Hayot). S. C.




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