Préliminaire
Le chômage est une préoccupation majeure des Martiniquais car comme les autres départements Antillo-Guyanais et réunionnais, l'île est fortement touchée. Ce dossier examine la situation actuelle et décrit les moyens mis en oeuvre par les pouvoirs publics pour la création d'emploi.
La situation début 2002
* Richesse économique
La Martinique accuse un retard économique flagrant par rapport à la moyenne française et la région parisienne.
Le produit intérier brut par habitant, indicateur de la richesse économique, est évalué à 79 000 euros par an soit un retard de 20% par rapport à la moyenne française et 40% par rapport à la Région Parisienne.
* Production et consommation
La production agricole (banane, sucre, ananas et rhum) constituent les principales exportations. Elle souffre de la forte concurrence des autres pays producteurs. La pêche, l'aquaculture, l'industrie et l'artisanat sont essentiellement tournées vers le marché intérieur.
* Démographie
La population est estimée à 380 000 habitants (recensement 1999) et augmente en moyenne de 0,70% par an.
* Répartition
Les trois-quarts des emplois sont occupés dans le secteur tertiaire (commerce, services, tourisme)
Terre de Chômage
D'après la Direction du travail, de l'emploi et de la formation professionnelle en Martinique, le nombre de demandeurs d'un emploi à durée indéterminée, à temps plein, immédiatement disponibles était de 40 233 début 2002 soit un taux de chômage d'environ 24% de la population active.
- Répartition
Comment est réparti ce chomâge selon les différentes catégories sociales, la qualification ou la durée de recherche d'emploi ?
Longue Durée : 47%
Femmes : 59%
Jeunes de moins de 25 ans : 12,2 %
Tranche de 25 à 49 ans : 79%
Tranche 50 ans et plus : 8,8%
Ouvriers : 25%
Employés, agents de maîtrise : 72%
Cadres : 3%
- Evolution
Le taux de chômage semble être en baisse de 7,6% par rapport à l'année dernière (taux de 26% en Décembre 2000) selon les observations de la Direction du travail. Plus particulièrement, cette baisse concerne les chômeurs de longue durée (exemple : dans la catégorie chômeurs depuis 2 à 3 ans, une baisse de 33% est observée) et les jeunes de moins de 25 ans (baisse de 11%)
On verra que la politique de lutte contre le chômage engagée par les pouvoirs publics ciblent ces catégories.
La politique de lutte contre le chômage en Martinique
La politique du FEDOM (Fonds pour l'Emploi dans les Départements d'Outre-Mer) met l'accent sur "un pilotage local des dispositifs publics" avec une démarche d'accompagnement des initiatives locales de développement.
Ces dispositifs publics utilisent la notion de "contrats aidés".
La loi d'orientation de l'Outre-Mer de Décembre 2000 encourage les projets professionnels des jeunes et la formation sous la forme d'aides publiques et de suivi du PIJ "Projet Initiative Jeune".
* les outils
le Contrat Emploi Solidarité (CES)
Ces conventions renouvelables sont destinés à 90% aux chômeurs de longue duréee et principalement dans les étabissements de l'enseignement.
le Contrat Emploi Consolidé (CEC)
Ils sont destinés à 50% aux bénéficiares de revenu minimal d'insertion (RMI) et 50% aux chômeurs de longue durée.
le Projet Initiative Jeune (PIJ)
Il comprend une aide financière à la création d'entreprise au maximum de 7318 euros et une aide à la formation professionnelle de 1067 euros pour aider le jeune à suivre une formation professionelle hors de la Martinique.
le Congé Solidarité
Il prévoit un départ anticipé à la retraite d'un salarié de plus de 55 ans en échange d'une embauche en contrat à durée indéterminée d'un jeune de moins de 30 ans.
* les protagonistes publics
l'Etat Français et le Fonds Social Européen sont les généreux donateurs pour l'emploi en Martinique avec une enveloppe de 900 000 euros. Avec la Direction générale du travail, l'ANPE (huit agences) et le conseil général participent à cette politique en essayant d'accroître l'efficacité des structures d'accueil, le suivi des projets et la coordination.
La situation début 2003 dans les Antilles Guyane
AFP - 20/01/2003
Le taux de chômage a baissé en Guadeloupe, Martinique et Guyane, s'établissant respectivement en juin 2002 à 25,7%, 22,3% et 23,4%, en baisse d'environ deux points par rapport à juin 2001, indique une enquête de l'INSEE rendue publique.
En Guadeloupe, le taux de chômage, au sens du BIT (Bureau international du travail), est en baisse de 1,9 point en un an, et découle à la fois d'une baisse du nombre de chômeurs (- 2.200) et d'une hausse du nombre des emplois (- 3.500).Les femmes sont toujours plus touchées (29,1% contre 22,6% pour les hommes). 43,5 % des moins de 30 ans sont au chômage, 13% des emplois salariés sont précaires. Deux tiers des personnes à temps partiel (16% des emplois) s'estiment à temps partiel forcé.
En Martinique, le taux de chômage a baissé de 2,4 points, la baisse du nombre de chômeurs étant de 4.000 et la hausse du nombre des emplois de 3.000. 40,5% des moins de 30 ans sont au chômage contre 39,7 % en 2001. Les chômeurs qui ont déjà travaillé ont perdu leur emploi en premier lieu parce que leur contrat à durée limitée a pris fin (44%) et en second lieu parce qu'ils ont été licenciés (25%). La hausse du travail à temps partiel est sensible chez les jeunes: 28% en 2002 contre 16% l'année précédente.
En Guyane, le taux de chômage a baissé de 2,9 points en un an, résultant de la baisse du nombre des chômeurs (- 1.500 ) et d'une hausse du nombre d'emplois (+ 2.100). Selon l'INSEE, 35,6 % des moins de 30 ans sont au chômage mais pour cette catégorie le chômage a reculé de 3,7 points en un an. 17% des emplois salariés sont précaires.
Conclusion
2001-2002 : La politique pour l'emploi ne semble pas tenir compte des limites de l'économie martiniquaise et cherche peu à en promouvoir le développement mais propose des emplois subventionnés par l'Etat et précaires.
Le dispositif mettant l'accent sur l'initiative jeune gagnerait à être renforcé.
L'apport des communes est faible ainsi que celui du secteur privé primaire ou tertiare en raison des difficultés et de la précarité économiques.
Cette politique parait axée sur la réinsertion des chômeurs de longue durée et sur les jeunes, en partenariat avec les entités politiques locales ce qui est déjà une direction encourageante.
2003 : Le gouvernement espère encourager la création d'emplois par des mesures d'exonération de charges, de subvention incitative à l'embauche et de défiscalisation dans le cadre d'une nouvelle loi programme sur 15 ans.
Copyright © Assemblée Martinique. Tous droits réservés.