
Rapport Stora : 27 Mai 1967 (Guadeloupe), Décembre 1959 (Martinique), Justin Catayée (Guyane)
- Détails
- Catégorie : News
- Publié le mardi 22 novembre 2016 18:50
- Écrit par Webmaster
- Affichages : 4939

Histoire. La Commission présidée par l'historien Benjamin Stora (université Paris XIII) a remis son rapport à la ministre des outremers Erika Bareigts sur trois événements obscurs de l'histoire des Antilles Guyane au XXème siècle : les émeutes de Décembre 1959 à Fort-de-France en Martinique, la répression du 27 mai 1967 à Pointe-à-pitre en Guadeloupe et le crash de l'avion Air France Boeing 737 à Deshaies en Guadeloupe en Juin 1962. Le rapport Stora à télécharger.
Ce n’est pas le passé qui produit la vision actuelle que nous avons de ce passé. C’est notre présent et nos intérêts présents qui produisent notre vision du passé. » (Réné Ménil)
Le rapport de 100 pages a été remis à la ministre le 21 Novembre, et présenté à Paris lors d'une conférence de presse, devant des parlementaires (Serge Letchimy, député de Fort-de-France, Serge Larcher Sénateur pour la Martinique). Cette Commission, présidée par Benjamin Stora, était composée des historiens Michelle Zancarini-Fournel, Jacques Dumont, Serge Mam-Lam-Fouck, Louis-Georges Placide, Laurent Jalabert et Sylvain Mary.
Le rapport Stora tente de faire la lumière a posteriori en fonction des éléments historiques vérifiables au XXIème siècle tels que des relevés de décès ou le rapport d'enquêtes (classé secret) du crash de l'avion (qui n'était pas encore équipé à l'époque des boîtes noires Flight Data recorder (FDR) et Cockpit Voice Recorder (CVR) inventées en 1957 par Warren). Sans pouvoir corroborer le bilan exact des émeutes en Guadeloupe ni le déroulement précis des émeutes en Martinique, il a cependant conclu que l'accident d'avion n'était pas causé par un attentat, mais divers manquements de l'équipage, des services de l'aéroport du Raizet au sol et de la compagnie aérienne.
Evènements de décembre 1959 en Martinique : Fin décembre 1959, dans un contexte économique et social très difficile, une altercation entre un Français de l’Hexagone et un Martiniquais dégénère en émeute. L’intervention des forces de l’ordre, qui ouvrent le feu sur les jeunes venus des quartiers populaires de Fort-de-France, fait des dizaines de blessés et 3 morts : Edmond Eloi (20 ans), Christian Marajo (15 ans) et Julien Betzi (19 ans).
Le Crash Air France en Guadeloupe en juin 1962 : Le 22 juin 1962, en vol de nuit, à 04 h 30, le Boeing 707-331 de la compagnie Air France Château de Chantilly, en provenance de Paris via Lisbonne et Les Açores, sur le point d’atterrir à l’aéroport du Raizet-Pointe à Pitre (Guadeloupe), s’écrase dans la forêt sur la colline de Deshaies. Il n’y a aucun survivant parmi les 103 passagers et les 10 membres d’équipage. Selon les explications officielles, l’accident serait dû à une panne de VOR (système de radio-guidage) de l’aéroport du Raizet et à une défaillance de l’ADF (automatic direction finder) de l’appareil liée aux mauvaises conditions météorologiques. Cependant, des pécheurs auraient déclaré avoir vu l’appareil exploser en vol. La thèse de l’attentat n’a jamais pu être démontrée, mais elle fut soutenue par certains commentateurs. La raison en est que, parmi les passagers, se trouvaient deux militants anticolonialistes et autonomistes notoires : le Guadeloupéen Albert Béville dit Paul Niger qui avait curieusement réussi à s’embarquer alors qu’il était interdit de séjour aux Antilles, et le député de Guyane Justin Catayée, qui rentrait précipitamment après la terrible répression d’une manifestation.
Emeutes de Mai 1967 en Guadeloupe : Le 26 mai 1967, à Pointe-à-Pitre, sous-préfecture de la Guadeloupe, des ouvriers du bâtiment sont rassemblés devant la chambre de commerce. En grève depuis plusieurs jours, ils réclament des augmentations de salaire. Les négociations sont au point mort. En cette veille d’anniversaire de l’abolition de l’esclavage en Guadeloupe, les esprits sont surchauffés. Les CRS reçoivent des conques et des bouteilles. A 14h00, des coups de feu éclatent. Les CRS affirment qu’ils sont venus de la foule, et ripostent. La première victime des tirs des forces de l’ordre est d’ailleurs un certain Jack Nestor, l’un des leaders du Gong (Groupement d’organisation Nationale de Guadeloupe, organisation indépendantiste)… C’est le point de départ d’un drame qui entachera à jamais l’histoire de la Guadeloupe, faisant 87 morts, selon un aveu tardif des autorités, 200 selon d’autres sources.
Lire également dans les archives : An nou sonjé 27 mé 67
Télécharger le rapport Stora