En visite à la Martinique, Ségolène Royal, candidate socialiste, compte intervenir en donnant des éléments de son programme pour l'outre-mer.
Ségolène Royal s'offre un peu de réconfort pour son deuxième jour en Martinique "Un cadeau magnifique", selon elle: décidée à oublier un peu les rudes escarmouches de ce début de campagne, Ségolène Royal comptait profiter de son deuxième jour en Martinique vendredi pour se ressourcer en s'offrant quelques bains de foule et en tenant un meeting électoral, malgré un programme en forme de tornade.
Alors qu'à Paris la polémique fait rage sur l'affaire des RG et que le ton est brutalement monté avec Nicolas Sarkozy, c'est aux cris de "Ségolène présidente!" que la candidate du PS a été accueillie à Fort-de-France. "C'est un bain de foule qui me nourrit d'énergie, de chaleur, d'amitié", a-t-elle confié, radieuse, en prenant ses quartiers au grand hôtel "La Batelière", entre vue sur la mer et notes de piano.
Vendredi, son agenda "très dense" prévoit de multiples rencontres avec la population, soit autant d'occasions de bains de foule, et une visite de l'île caraïbe de long en large. Au point que son codirecteur de campagne François Rebsamen, qui l'accompagne, s'est "excusé" pour le marathon annoncé. "J'ai un programme extrêmement serré, et encore je n'ai pas pu satisfaire à toutes les demandes", s'est-elle réjoui.
Dès 8h (13h à Paris), Ségolène Royal est attendue au couvent Saint-Joseph de Cluny, où elle a été scolarisée lorsque son père militaire était affecté sur l'île. Après cette visite éclair, elle rendra hommage à l'abbé Pierre, s'entretiendra avec le poète Aimé Césaire et arpentera le grand marché de Fort-de-France. Elle se rendra ensuite dans quatre autres communes martiniquaises. Au menu: débat participatif avec 300 personnes, rencontre avec des agriculteurs et meeting en soirée.
Cette tournée antillaise de quatre jours, qui la mènera à partir de samedi en Guadeloupe, à 120kms au Nord, intervient alors que Ségolène Royal traverse une zone de turbulences dans les sondages, avec plusieurs enquêtes qui la donnent derrière Nicolas Sarkozy depuis le 15 janvier. Dans un sondage Ipsos publié ce jeudi, elle recule notamment de 3 points à 29% au premier tour de la présidentielle.
Aussi la candidate du PS et son équipe ont-ils discrètement ajusté le tir. Violemment critiquée par l'UMP sur son absence de propositions et très attendue aux Antilles sur son projet pour l'Outre-mer, Ségolène Royal a donc promis du concret. "L'avenir de ces régions occupera une part importante dans mon projet présidentiel", a-t-elle assuré. Il faut dire que Nicolas Sarkozy, lors de sa venue aux Antilles en mars 2006, a multiplié les promesses, par exemple des "zones franches globales".
Alors que la prétendante à l'Elysée avait jusqu'alors calé sa campagne en deux temps -une phase d'écoute avec débats participatifs, et une phase de propositions-, un subtil glissement sémantique s'est aussi opéré jeudi. La première étape s'est ainsi transformée en phase d'écoute "et de propositions". "Je ne suis pas dans l'écoute passive", a-t-elle justifié. En difficulté, la candidate avait déjà étoffé son agenda ces derniers jours et avancé la date de présentation de son projet au 11 février, alors qu'il était prévu fin février début mars.
Vendredi, Ségolène Royal devrait donc intervenir sur les thèmes chers aux Ultramarins, avec pour fil rouge l'"égalité réelle" avec la métropole: évolution des institutions, développement économique (le taux de chômage est deux à trois supérieurs), et la question sensible du prix des billets d'avion, jugé excessif entre Paris et l'Outre-mer.
La Martinique et la Guadeloupe représentent en effet, à elles seules, un vivier électoral non négligeable de quelque 550.000 voix. source : AP  Photo Reuters Présidentielle: Ségolène Royal adoubée par le poète Aimé Césaire

Le poète martiniquais Aimé Césaire, âgé de 93 ans, a donné vendredi son onction à la candidate socialiste Ségolène Royal pour la présidentielle en lui faisant part de sa "confiance" et de son "espérance".
Malgré sa santé fragile et ses difficultés à marcher, Aimé Césaire a tenu à apparaître au côté de Ségolène Royal lors d'une brève prise de parole à la mairie de Fort-de-France. Le poète a par ailleurs accepté d'être président d'honneur du comité de soutien "Désirs d'avenir" de la candidate en Martinique.
"Je dois dire que je suis très ému de voir une petite Martiniquaise", l'a saluée le chantre de la "négritude", qui est arrivé main dans la main avec elle sur le perron de la mairie. "Elle nous connaît et je la remercie d'avoir bien voulu entendre le peuple martiniquais".
"La Martinique a changé, la Martinique est inquiète, nous sommes dans un monde nouveau et nous pensons qu'il faut une politique nouvelle (...) avec des fondements nouveaux", a-t-il plaidé. "Nous vous faisons confiance", "vous nous apportez la confiance et permettez-moi de vous dire aussi l'espérance".
Flattée, la prétendante à l'Elysée s'est dite "profondément touchée et honorée". source : AP Ségolène Royal veut être la présidente de la "France métissée" FORT-DE-FRANCE (Reuters) - Ségolène Royal a promis vendredi en Martinique d'être la présidente de la "France métissée" dans une République "accueillante à tous les siens". Devant plusieurs centaines de personnes réunies dans le marché couvert de Fort-de-France, la candidate socialiste a enjoint les Français à porter "un regard lucide" sur toutes les périodes de son Histoire, colonisation comprise. "C'est la condition d'une Histoire partagée, assurée, apaisée, dans une République accueillante à tous les siens et qui ne tolère plus aucune discrimination", a-t-elle fait valoir. "Je n'accepterai plus que l'on parle des enfants de première, deuxième, troisième génération. Vous êtes, nous sommes tous, les jeunes sont les enfants de cette République qui doit ouvrir les bras", a poursuivi Ségolène Royal, juchée sur une petite tribune installée à côté des étalages de fruits et de légumes. "Le métissage, je le dis ici, est une chance pour la France. Je serai la présidente de la France métissée et qui se reconnaît comme telle", a-t-elle lancé. Dans un discours d'une vingtaine de minutes, prononcé après sa rencontre avec le leader autonomiste Aimé Césaire, Ségolène Royal est revenue sur "l'exécrable loi" de février 2005 évoquant le "rôle positif" de la colonisation et abrogée depuis par décret présidentiel. La polémique déclenchée par ce texte, amendé à l'initiative de députés UMP, avait conduit le président de l'UMP Nicolas Sarkozy, aujourd'hui candidat à la présidentielle, à repousser sa visite dans les Antilles prévue en décembre 2005. "Cette lecture révisionniste de l'Histoire était inacceptable pour nous", a déclaré la candidate socialiste opposant le colonialisme "système de spoliation, de domination et d'humiliation" à la liberté, l'égalité, la fraternité et le "respect des identités". "Ces valeurs-là n'étaient pas du côté des colonisateurs", a-t-elle insisté, citant le "Discours sur le colonialisme" d'Aimé Césaire, défenseur des racines africaines qu'elle a rencontré dans la matinée. "Je ne connais pas de texte plus beau, plus fort, plus définitif sur le sujet. Je veux que la France soit fière de cette parole, qu'elle en soit aujourd'hui l'héritière et la continuatrice". Ségolène Royal, "femme debout" face à l'adversité

Attaquée de plus en plus frontalement par Nicolas Sarkozy et en difficulté dans les sondages, Ségolène Royal s'est présentée vendredi comme une "femme debout" malgré une campagne "pleine de dureté", attaquant sans ménagement son rival UMP. De retour sur l'île de son enfance, la candidate socialiste s'est dite revigorée par la "chaleur" des Martiniquais.
"En avant, je suis avec vous, une femme debout!", a-t-elle lancé devant plusieurs centaines de personnes massées dans le marché coloré de Fort-de-France, évoquant une "campagne difficile, pleine de dureté". Maire du chef-lieu de la Martinique et proche du PS, Serge Letchimy venait de la qualifier en créole de "fanm dobout" (femme forte) et de "poto mitan" (à la fois pilier de la maison et ciment de la famille).
Mordante, la candidate du PS a d'abord réglé ses comptes avec Nicolas Sarkozy sur l'enquête qu'aurait menée les Renseignements généraux sur des membres son entourage. Des méthodes qu'elle a comparées à celles du "pouvoir néocolonial" aux Antilles à la fin des années 1970. Elle a ainsi expliqué que lorsqu'elle faisait son stage d'énarque à Fort-de-France en 1978, elle avait demandé à rencontrer Aimé Césaire, alors maire de la cité. L'entrevue lui fut "interdite" par le préfet au motif que le poète était alors "infréquentable". Un "choc", a-t-elle dit.
"Cette demande de rendez-vous a dû être inscrite sur ma fiche des Renseignements généraux!", a-t-elle ironisé, fustigeant "l'Etat français et la droite de l'époque". "Mais a-t-elle vraiment changé?" Evoquant plusieurs des propositions récentes de Nicolas Sarkozy, elle a aussi montré du doigt "l'anarchie dans le chacun pour soi".
Dès son arrivée jeudi soir, Ségolène Royal avait mis en garde Nicolas Sarkozy: "L'Etat ne doit pas être un système clanique" qui serait "au service d'un candidat", avait-elle averti.
Elle s'est aussi démarquée de son rival sur la question sensible aux Antilles de la diversité. "Le métissage est une chance pour la France, je serai la présidente de la République de la France métissée", a-t-elle promis. "Vous êtes, nous sommes, tous les jeunes sont les enfants légitimes de cette République qui doit ouvrir ses bras".
Face à cela, elle a déploré que Nicolas Sarkozy ait "affirmé que l'Ancien Régime et la Révolution, c'est à peu près la même chose". "Il a oublié que l'esclavage faisait la différence. Le Code noir de Louis XIV c'est l'Ancien régime, la déclaration des droits de l'Homme et des citoyens c'est la Révolution, et pour nous ce ne sont pas les mêmes valeurs", a-t-elle sermonné. Avant d'enfoncer le clou: "la politique, ce n'est pas de s'endormir dans une confusion molle des repères".
La prétendante à l'Elysée n'a en revanche pas évoqué Georges Frêche, dont les propos rapportés par "Midi Libre" sur la part de "blacks" dans l'équipe des Bleus ont hérissé Outre-mer.
Cerise sur le gâteau, Aimé Césaire a accepté de devenir président d'honneur de son comité de soutien local "Désirs d'avenir". Malgré sa santé fragile et ses difficultés à se déplacer, le poète âgé de 93 ans a tenu à s'afficher publiquement à ses côtés pour lui donner son onction pour l'Elysée. "Je dois vous dire que je suis très ému de voir une petite Martiniquaise", a confié le chantre de la "négritude", lui faisant part de sa "confiance" et de son "espérance".
Dans la matinée, elle s'était ressourcée à la "chaleur" martiniquaise -tant humaine que tropicale- en se mêlant à la population. "Je retrouve cette énergie, cette chaleur, cette authenticité, cette douceur, mais aussi cette force", a-t-elle remercié, revigorée. Vendredi, elle avait débuté sa visite au couvent Saint-Joseph de Cluny, où elle a été scolarisée trois ans. "Un moment magique" de "paix" pour la candidate, "très émue", qui s'est offert un bain de foule au milieu de fillettes en jupe plissée écossaise.
Escortée par une escouade de journalistes, elle a ensuite arpenté les allées du marché de Fort-de-France, accueillie dans les odeurs des épices par des femmes en robes de madras, au son du zouk endiablé "Ségolène", sur l'air de "Célimène". "Ségolène, on t'aime!", lui a glissé Serge Letchimy. De quoi oublier les mauvais sondages des derniers jours. source : AP |