Nigéria présidentielle très tendue |
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21-04-2007 | |
Pour l'élection présidentielle de samedi, le Nigeria est sous tension pour le premier passage du pouvoir présidentiel démocratique de civil à civil depuis 1960. ![]() Nigéria Election présidentielle cruciale au NigériaEn dépit d'une tentative d'attentat devant le siège de la commission électorale et de l'arrivée en dernière minute de certains des 65 millions de bulletins, les bureaux de vote ont ouvert samedi au Nigeria, pour la première transition de civil à civil à la tête du pays depuis l'indépendance du pays en 1960. Le Nigeria s'enfonce dans la violenceA l'approche du scrutin présidentiel de samedi, le Nigeria est sous tension. Mercredi, les forces de sécurité ont encerclé et éliminé un groupe d'extrémistes islamistes dans le nord, alors que l'opposition du pays le plus peuplé d'Afrique réclame le report d'une élection qui doit marquer le premier passage de relais d'un président civil à un autre de l'histoire nigériane. La violence dans l'Etat de Kano vient rajouter à la confusion qui s'est emparée du pays à la veille de ce scrutin, censé être celui de la consolidation de la démocratie, via la première transition pacifique entre deux civils. Mardi, la police a interdit tout rassemblement politique jusqu'à après le vote, pour tenter de juguler les violences qui ont fait des dizaines de morts ces derniers mois. Au moins 21 personnes ont ainsi été tuées le 14 avril, jour du scrutin législatif et des élections de gouverneurs d'Etat dans ce pays fédéral de 140 millions d'habitants, répartis entre le nord musulman et le sud chrétien et animiste. Depuis l'indépendance obtenue de la Grande-Bretagne en 1960, le Nigeria a vu se succéder coups d'Etat, dictatures militaires et expériences démocratiques vite interrompues. Le président actuel, Olusegun Obasanjo, ancien général autrefois aux commandes mais qui fut démocratiquement élu en 1999, aura mis fin à des décennies de ce régime, même si sa réelection en 2003 a été entachée par la violence et les accusations de fraude. Aujourd'hui, la page Obasanjo se tourne, la Constitution l'empêchant de se représenter. Son dauphin Umaru Yar'Adua, membre du tout-puissant parti au pouvoir, est considéré comme le grand favori. Mais, prélude à la présidentielle, le 14 avril s'est mal passé. Mercredi, criant à la fraude et à l'intimidation face aux impressionnantes victoires engrangées par le parti au pouvoir dans nombre des 36 Etats, les 18 principaux partis d'opposition se sont alliés pour réclamer son annulation, ainsi que le report de la présidentielle du week-end. Ils ont exhorté les Nigérians à "manifester de manière non-violente", menaçant de boycotter le scrutin de samedi et réclamant le remplacement de la commission électorale. Parmi les auteurs de cet appel figurent les deux principaux candidats de l'opposition, le général Muhammadu Buhari, ancien dirigeant de la junte militaire, et le vice-président Atiku Abubakar. La veille, la Commission électorale avait confirmé qu'Atiku Abubakar, ancien allié d'Obasanjo passé à l'opposition, pourrait bien être candidat. Mis en cause pour corruption, la question de son exclusion ou pas de la présidentielle a donné lieu à un feuilleton politique. Obasanjo et Abubakar sont devenus les pires ennemis depuis que ce dernier s'est opposé l'année dernière à ce que la Constitution soit amendée pour permettre au président sortant de briguer un troisième mandat. Une rébellion qui lui a valu d'être exclu du Parti démocratique du peuple (PDP, au pouvoir). A Kano, bastion de l'opposition de trois millions d'habitants, après un week-end de violences, la situation s'était calmée lundi soir avec l'annonce de la victoire du candidat de l'opposition pour le poste de gouverneur. Avant de reprendre de plus belle mardi, avec l'attaque par des islamistes radicaux d'un poste de police qui a coûté la vie à 12 policiers et à la femme d'un d'entre eux. Mercredi, l'armée a donc attaqué le quartier de Kano où s'étaient repliés ces extrémistes après l'assaut de la veille, annonçant avoir tué 25 d'entre eux. Des centaines de soldats étaient déployés dans les rues poussiéreuses de la ville en état de siège, d'où les habitants prenaient la fuite par familles entières, évoquant la présence de nombreux cadavres dans les rues. Selon eux, les assaillants seraient membres d'un groupe extrémiste interdit de type "taliban" qui a fréquemment combattu les forces de sécurité ces dernières années. L'armée a affirmé qu'il s'agissaient de "talibans" tchadiens, le Kano étant proche des frontières tchadienne et nigérienne. Le Kano est un des 12 Etats nordistes où la charia, la loi islamique, est en vigueur. Des affrontements ont eu lieu au sujet de sa mise en oeuvre, les plus extrémistes, minoritaires, réclamant une application plus stricte. De graves affrontements entre musulmans et chrétiens ainsi que des soulèvement ethniques, notamment dans les régions pétrolières du sud, secouent régulièrement le Nigeria. source : AP |
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