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Le Kenya vers un nouveau Rwanda ? Convertir en PDF Version imprimable Suggérer par mail
01-01-2008

Les violences électorales interethniques au Kenya et le massacre de l'Eglise d'Eldoret rappellent le génocide  du Rwanda.

Tuerie à l'Eglise d'Eldoret (selon AP) . Même des enfants sont morts brûlés vifs. En plein jour, la foule a mis le feu mardi à une église d'Eldoret, dans la Vallée du Rift, où des familles fuyant les violences s'étaient réfugiées, ont raconté des témoins, survivants, policiers ou secouristes de la Croix-Rouge.

La plupart des morts étaient des kikuyus, principale ethnie du pays, à laquelle appartient le président Mwai Kibaki. Les 41 autres groupes ethniques officiellement recensés du Kenya leur reprochent de monopoliser le pouvoir économique et politique à leurs dépends.

Depuis les résultats contestés de la présidentielle publiés jeudi, des maisons des kikuyus ont été incendiées dans tout le pays, et les membres de l'ethnie ont été pris pour cible et tués, dans des violences qui ont fait au moins 270 morts.

A Eldoret, environ 300 km à l'ouest de la capitale Nairobi, quelque 2.000 personnes s'étaient réfugiées lundi soir dans l'Eglise des Assemblées de Dieu, après que la foule ait commencé à incendier des maisons dans la ville.

"Le matin, quand les hommes dormaient encore et que certains étaient partis prendre une douche, nous avons entendu les premiers cris", raconte George Karanja, 37 ans, un kikuyu dont une bonne partie de la famille -son neveu, les parents de sa femme, ses deux enfants- était à l'intérieur de l'église: Un groupe d'au moins 2.000 assaillants venait d'arriver.

"Ils ont commencé à mettre le feu à l'église. Les matelas sur lesquels les gens dormaient ont pris feu. Il y a eu un mouvement de panique, les gens sont tombés les uns sur les autres".

Karanja a aidé à extraire une dizaine de personnes des flammes, mais "je n'ai pas réussi à sortir le fils de ma soeur. Il hurlait: 'tonton! tonton!. Il est mort". L'enfant avait 11 ans.

Selon une responsable de la Croix-rouge ayant demandé que son nom ne soit pas publié, car susceptible de l'identifier ethniquement, il y a eu au moins 50 morts dans l'église. Même les secouristes étaient arrêtés par les assaillants qui leur demandaient leur identité.

Les deux enfants de Karanja ont survécu: "ils ont levé les mains en sortant de l'église, et ont été frappés, mais pas tués". Son père, un vieillard de 90 ans, a été grièvement blessé à coups de machette.

Karanja lui même a été caillassé par les assaillants. Il s'est mis à courir, se faufilant dans la fosse d'une latrine pour se cacher. "L'un de mes agresseurs a crié que quelqu'un s'était caché à l'intérieur des latrines, mais ils étaient trop occupés. Le pire, c'était que je connais certains d'entre eux. Je peux même vous montrer leurs boutiques en ville".

"Ils frappaient les gens à la machette, puis ils leur mettaient le feu. J'ai vu un cadavre carbonisé, avec les jambes raidies en l'air", ajoute-t-il.

Sur des images vidéo filmées par une hélicoptère de la Croix-rouge, on pouvait voir de nombreuses maisons d'Eldoret en flammes, et des grappes de gens réfugiées dans des écoles et à l'aéroport, tandis que d'autres fuyaient vers la forêt. Des barrages de fortune, faits de barres de métal et de pierres, avaient été dressés sur la route toutes les centianes de mètres.

Selon un autre témoin, deux membres des forces de sécurité qui avaient ouert le feu sur un suspect ont été lynchés par la foule: arrêtés à un barrage, ils ont été abattus à coups de machette, a raconté ce témoin à l'Associated Press, sous le couvert de l'anonymat.

Pour Ali-Amin Kimathi, responsable du Forum musulman pour les droits de l'homme, "la manière ethnique de régler ces problèmes nous fait peur, parce que nous allons vers un nouveau Rwanda", a-t-il déclaré. Ce qui s'est passé mardi à Eldoret rappelle le génocide de 1994 au Rwanda, où des centaines de milliers de tutsis et hutus modérés ont été massacrés, certains pris au piège dans des églises où ils avaient cherché refuge. (source : AP)

 
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