Carla Bruni-Sarkozy reconnaît le blocage de la société française (le JDD) |
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09-11-2008 | |
La première dame de France Carla Bruni-Sarkozy évoque son point de vue dans un entretien consacré au Journal du Dimanche (JDD) sur les blocages de la société française et le manifeste pour l'égalité. ![]() Carla Bruni Sarkozy (Vanity Fair) Carla Bruni Sarkozy, épouse du président Sarkozy veut s'engager vers le renouvellement des élites françaises mais avoue son impuissance car le protocole ne lui permet pas par exemple de soutenir une pétition comme celle pour l'égalité, explique-t-elle au Journal du Dimanche, JDD. La victoire sans précédent aux élections présidentielles américaines du Sénateur Barack Obama (unique représentant au Sénat U.S d'origine métisse, noir et blanc) a semble-t-il poser cruellement le problème du manque de représentativité des minorités au sein de la société française dans les sphères du pouvoir politique et économique. "Je me suis souvent demandée d'où venait le blocage de nos sociétés reconnaît Carla Bruni, -ce qui fait que nous soyons si blancs, dans les élites, au parlement, dans les cercles dirigeants (la musique, la mode, c'est autre chose) alors que la société est si métissée" (Journal du Dimanche, JDD). Par ces propos, Carla Bruni Sarkozy reconnaît implicitement que les hommes et femmes tirant leur origine d'Afrique Noire ou Malgache, des Antilles et de la Guyane (ou même d'Asie, d'Inde) ne participent pas comme ils le pourraient ou le devraient aux instances dirigeantes, restant cantonnés dans des domaines bien précis (musique, sport, mode...). Rappelant que son mari Nicolas Sarkozy, dont l'élection ne représente certes pas un défi au conformisme aussi éclatant que celui de porter Obama au sommet de la première puissance mondiale, son mari est un "fils d'immigré hongrois, dont le père a un accent, dont la maman est d'origine juive ; et lui a toujours revendiqué d'être un peu un Français venu d'ailleurs". A ce titre on peut reconnaître que le gouvernement de Nicolas Sarkozy a permis l'émergence de personnalités politiques d'origine étrangère (Rachida Dati, Fadela Amara, ministres d'état ou Rama Yade, secrétaire d'état, ...). Des Noirs, des Métis ou des Maghrébins ont exercé également des responsabilités au sein d'autres gouvernements (Roger Bambuck, pour le sport par exemple). Il y a même eu un président du Sénat d'origine Guyanaise (Gaston Monnerville). Des édiles élus en france Hexagonale, le martiniquais Elizé, Kofi Yamgnane du Togo ou des députés ou sénateurs (Mme Pau-Langevin d'origine antillaise) restent cependant rares. On peut affirmer sans risque de se tromper que la République Française n'a jamais nommé ne serait-ce qu'un ministre de l'outre-mer qui soit seulement originaire de ces régions, ce qui ne leurre personne quant aux intentions du pouvoir de perpétuer un déni de responsabilité envers leurs administrés basanés. Jusqu'à Sarkozy, aucun candidat à la présidentielle issu de ces régions (Martinique, Guadeloupe, Guyane : Christiane Taubira était candidate en 2002 pour le Parti Radical par exemple, La Réunion...) n'aurait même pu compter sur le soutien de ces électeurs dits ultra-marins puisque les résultats des élections étaient annoncées au journal de 20h alors qu'il était encore 14h aux Antilles-Guyane et que les bureaux de votes étaient encore ouverts, infligeant ainsi au plus haut niveau du code électoral une gifle cinglante aux citoyens supposés égaux. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, Nicolas Sarkozy comme promulgateur de la réforme permettant aux ultra-marrants de voter sereinement la veille de l'élection, a bel et bien fait concrètemet sauter quelques verroux de la société française vers plus d'égalité. En effet, partisan de la discrimination positive, peut-être comme pis aller permettant de faire avancer la société vers une représentation plus en adéquation avec son visage multi-culturel, le chef de l'état français a également désigné une Délégation Interministérielle pour l’égalité des chances des Français d’outre-mer. Mais ces efforts semblent rester vains puisque la chanteuse Carla Bruni reconnaît : Nous sommes perclus d'habitudes. Le pouvoir a souvent eu la même tête, des hommes blancs et plutôt âgés. Les habitudes, à terme, ça devient une sclérose". Sans parler de l'échec du martiniquais Harry Roselmack à remplacer Patrick Poivre d'Arvor dans la représentation télévisuelle du journaliste de 20h puisqu'il s'agit de décisions d'un groupe de médias privés, Audrey Pulvar est actuellement l'une des rares icônes originales du paysage audiovisuel français du secteur public. Pouvez-vous citer un film français à grand succès dont le premier rôle serait tenu par un Noir(e) Français(e) ? Alors si oui vous êtes un expert, car la popularité de Yannick Noah ou celle de Thierry Henry dans le coeur des Français n'a jamais vraiment crevé l'écran du septième art comme aux Etats-Unis. Les Noirs ne sont finalement appréciés ou mis en vedette que s'ils sont des sportifs de haut niveau, ou des musiciens, chanteurs talentueux, restant relegués en France au domaine du divertissement, soit des clowns de stade ou des bouffons de podium bref si on caricature : des animaux de cirque comme à une bonne vieille exposition universelle d'antan... Mme Carla Bruni autrefois sympathisante d'SOS Racisme étant une femme de premier plan étrangère de surcroît comme elle le souligne dans le Journal du Dimanche et souhaitant s'engager vers l'égalité, verra peut-être un jour une autre femme se hisser au sommet de l'Etat en France par le biais du suffrage universel direct, sans doute bien avant que ne le puisse un métis même couleur café. On ne dit pas premier ministre comme Edith Cresson le fut à la cour du Franc Roi Mitterrand, mais parlons bien de la représentation et du pouvoir politique suprêmes. Ce défi a été relevé déjà par de nombreux pays anglo-saxons ou celtes : l'Irlande il y a déjà plus de 10 ans a élu une femme présidente, l'Allemagne, et même l'Angleterre ... Consciente qu'il ne suffit pas que ces blocages soient levés dans la mentalité et dans l'application de la loi, et le vote de la parité homme-femme a été en cela un grand progrès et pas si lointain que ça, mais convaincue que les efforts des minorités ou des catégories sujettes à des discriminations pour s'élever seront déterminants avec en particulier le regard nouveau des jeunes français dits de souche, elle concède : "En même temps, la reconnaissance des cités par le pouvoir ne suffit pas. Les gens des cités doivent devenir le pouvoir eux-aussi à leur tour". On croirait entendre une Marie-Antoinette Sans-Culotte prête à quitter Versailles... |
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