Aimé Césaire, poète et homme politique martiniquais, est né le 26 juin 1913 à Basse-Pointe et mort le 17 avril 2008 à Fort-de-France.
 Freque du Vieux Pont (Le Lamentin, Martinique) Fondateur du mouvement littéraire de la négritude et anticolonialiste résolu, Aimé Césaire figure au panthéon des auteurs français. Issu d’une famille de sept enfants, Aimé Césaire fréquente l’école primaire de Basse-Pointe, puis obtient une bourse pour le lycée Victor Schoelcher à Fort-de-France, avant de rejoindre Paris pour entrer en classe d’hypokhâgne au lycée Louis-le-Grand où il fera l’une des plus grandes rencontres de sa vie : Léopold Sédar Senghor. Au contact des jeunes africains étudiant à Paris, notamment lors des rencontres au salon littéraire de Paulette Nardal, Aimé Césaire et son ami guyanais Léon Gontran Damas, qu’il connaît depuis la Martinique, découvrent progressivement une part refoulée de leur identité, la composante africaine, victime de l’aliénation culturelle caractérisant les sociétés coloniales de Martinique et de Guyane. En septembre 1934, Césaire fonde, avec d’autres étudiants antillo-guyanais et africains (parmi lesquels Léon Gontran Damas, le Guadeloupéen Guy Tirolien, les Sénégalais Léopold Sédar Senghor et Birago Diop), le journal L’Étudiant noir. C’est dans les pages de cette revue qu’apparaîtra pour la première fois le terme de « Négritude ». Pour Césaire, la Négritude est un humanisme actif et concret, à destination de tous les opprimés de la planète. Aimé Césaire, agrégé de lettres, rentre en Martinique en 1939, pour enseigner, tout comme son épouse, Suzanne Roussi, au lycée Schoelcher. Césaire ramène dans ses bagages son premier ouvrage, Le Cahier d’un retour au pays natal, qui va connaître un immense succès. Le couple Césaire, épaulé par d’autres intellectuels martiniquais comme René Ménil, Georges Gratiant et Aristide Maugée, fonde en 1941 la revue Tropiques. En pleine Seconde Guerre mondiale le blocus de la Martinique par les États-Unis et le régime instauré par l’Amiral Robert, envoyé spécial du gouvernement de Vichy, est répressif. Dans ce contexte, la censure vise directement la revue Tropiques, qui paraîtra, avec difficulté, jusqu’en 1943. Le passage en Martinique du poète surréaliste André Breton et sa rencontre avec Aimé Césaire vont bouleverser l’ordre des choses. Breton découvre la poésie de Césaire à travers le Cahier d’un retour au pays natal et le rencontre en 1941. En 1943 il rédige la préface de l’édition bilingue du Cahier d’un retour au pays natal, publiée dans la revue Fontaine (n° 35) dirigée par Max-Pol Fouchet et en 1944 celle du recueil Les Armes miraculeuses, qui marque le ralliement de Césaire au surréalisme. En 1945, Aimé Césaire, coopté par les élites communistes qui voient en lui le symbole d’un renouveau, est élu maire de Fort-de-France. Dans la foulée, il est également élu député, mandat qu’il conservera sans interruption jusqu’en 1993. En 1946, jeune député, Césaire obtient la départementalisation de la Martinique, vieille revendication d’avantguerre. Un statut qui, selon Césaire, devrait aider la Martinique à lutter contre l’emprise béké sur la politique, son clientélisme, sa corruption et le conservatisme structurel qui s’y attache. En 1950, il publie le Discours sur le colonialisme, où il met en exergue l’étroite parenté qui existe selon lui entre nazisme et colonialisme. S’opposant au Parti communiste français sur la question de la déstalinisation, Aimé Césaire quitte le PC en 1956, s’inscrit au Parti du regroupement africain et des fédéralistes, puis fonde deux ans plus tard le Parti progressiste martiniquais (PPM), au sein duquel il va revendiquer l’autonomie de la Martinique. Aimé Césaire restera maire de Fort-de-France jusqu’en 2001. Son Discours du colonialisme fut pour la première fois au programme du baccalauréat littéraire français en 1994, avec le Cahier d’un retour au pays natal. Aimé Césaire s’est retiré de la vie politique mais est resté un personnage incontournable de l’histoire martiniquaise jusqu’à sa mort. Le 9 avril 2008, Césaire est hospitalisé au CHU Pierre Zobda Quitman de Fort-de-France pour des problèmes cardiaques. Son état de santé s’y aggrave et il décède le 17 avril 2008 au matin. Des obsèques nationales ont été célébrées le 20 avril 2008 à Fort-de-France, en présence du chef de l’État.
OEuvres Aimé Césaire 1939 Cahier d’un retour au pays natal, Revue Volontés n°20, 1939, Pierre Bordas 1947, Présence africaine, Paris, 1956. 1946 Les Armes miraculeuses, 1946, Gallimard, Paris, 1970 1947 Soleil cou coupé, 1947, Éditions K., Paris, 1948 1950 Corps perdu (gravures de Picasso), Éditions Fragrance, Paris, 1950 1960 Ferrements, Seuil, Paris, 1960, 1991 1961 Cadastre, Seuil, Paris, 1961 1976 OEuvres complètes (trois volumes), Desormeaux, Fort-de-France, 1976
Poésie 1982 Moi, laminaire, Seuil, Paris, 1982 1994 La Poésie, Seuil, Paris, 1994. (Ce volume, qui compile toute l’oeuvre poétique de l’auteur, figure au programme de l’agrégation de lettres modernes de 2009 à 2011, au sein du thème de littérature comparée intitulé «Permanence de la poésie épique au XXe siècle»). 2010 Sept poèmes reniés suivi de La Voix de la Martinique, édition bibliophilique (David Alliot Éditeur), Paris, 2010
Théâtre 1958 Et les chiens se taisaient, Présence Africaine, Paris, 1958, 1997 1963 La Tragédie du roi Christophe, Présence Africaine, Paris, 1963, 1993 Une saison au Congo, Seuil, Paris, 1966, 2001 1969 Une Tempête, d’après La Tempête de William Shakespeare : adaptation pour un théâtre nègre, Seuil,Paris, 1969, 1997 Essais 1948 Esclavage et colonisation, Presses Universitaires de France, Paris, 1948, réédition : Victor Schoelcher et l’abolition de l’esclavage, Éditions Le Capucin, Lectoure, 2004 1950 Discours sur le colonialisme, éditions Réclames, Paris, 1950 ; éditions Présence africaine, 1955 1987 Discours sur la négritude, 1987, Paris ; Présence Africaine, 2004 (avec le Discours sur le colonialisme). Histoire 1962 Toussaint Louverture, La révolution Française et le problème colonial, Présence Africaine, Paris Entretiens 2004 Rencontre avec un nègre fondamental, Entretiens avec Patrice Louis, Arléa, Paris 2005 Nègre je suis, nègre je resterai, Entretiens avec Françoise Vergès, Albin Michel, Paris Enregistrement audio 1994 Aimé Césaire, Hatier, Paris, Les Voix de l’écriture. |